Les Nouveaux Sportifs

“Clemquicourt ne fait pas du trail, il divertit. Avec ses initiatives, il casse les codes d’un secteur un peu lisse.” Cette phrase prononcée par Goulven Cornec, Agent de Clemquicourt & fondateur de l’agence Fraich’touch exprime parfaitement un mouvement de fond dans le sport d’aujourd’hui. En effet, alors que certains athlètes comme Victor Wembanyama, Loïs Boisson ou Léon Marchand poussent chaque jour les frontières des limites humaines – perfectionnant chaque geste, chaque routine, chaque repas ou phase de récupération -, une nouvelle génération de passionnés, des gens “normaux”, propose une autre vision du sport.

Un sport moins aseptisé, moins contrôlé, moins robotique. Un sport qui se veut donc plus authentique, plus simple, plus humain. Cette approche souhaite revenir à la raison première du sport, se dégager de la quête de performance pour retrouver le plaisir, la liberté et la légèreté. 

Aujourd’hui, ce sont plus seulement les athlètes “parfaits” qui captivent les millenials et la GenZ, mais ceux qui osent essayer. Les créateurs réinventent la structure narrative du sport. On suit leur parcours comme un shonen : le défi, l’entraînement, les doutes, la réussite. Un storytelling universel, sincère et viral. Le sport devient une histoire collective qu’on partage, pas simplement un exploit qu’on regarde. D’aucun pourrait tout de même soulever une question : cette nouvelle approche d’un sport plus communautaire, plus connecté, ne déplace-t-il pas la quête de performance des stades aux réseaux sociaux ? Qu’en est-il de l’injonction à entretenir le lien avec les abonnés ? 

Strava est l’exemple parfait d’un outil créé pour permettre aux sportifs de développer leur identité narrative. La marque explique d’ailleurs qu’elle a conçu sa plateforme non pas en essayant de répondre à la question de savoir de quoi les gens ont besoin pour faire du sport, mais plutôt “pourquoi les gens font du sport ? Qu’est-ce qui motive une personne à se dépasser ?” 

Qu’il s’agisse de la recherche de la performance, de liberté, de détente ou de confiance en soi, l’application développe des outils permettant de se raconter et de partager cette histoire avec les autres membres. 

Le sport se raconte donc différemment aujourd’hui. Au côté de ses nouveaux sportifs / créateurs de contenus, une nouvelle génération de commentateurs prend également la parole. Moins institutionnels et plus proches du public, ils mêlent humour, émotion et interactions directes à la communauté pour donner une dimension nouvelle aux analyses et anecdotes. Les formats traditionnels assistent à l’arrivée de narrations plus accessibles, plus immersives et, surtout, moins formatées. 

Le sport entre donc dans une nouvelle ère. Une ère sociale, spectaculaire et créative, pensée pour les réseaux sociaux et façonnée par les créateurs et leur communauté. De nouvelles idées naissent d’abord en ligne pour devenir ensuite réalité IRL. Ces compétitions sont portées par des Squeezie et son GP Explorer, Amine et la Kings league France, suivie comme un véritable championnat alternatif, ou encore Rebeu Deter avec la DTR Fight, version créateur d’un événement de boxe. 

Le sport à la sauce sociale impose son rythme. Ces nouveaux formats de sport sous stéroïdes, conçus pour être visuels, rapides, interactifs, vont-ils supplanter le sport traditionnel ?

Aujourd’hui, même si les ligues traditionnelles tentent de s’adapter aux nouveaux usages en proposant des résumés des nouveaux formats et en nouant des partenariats avec des personnalités influentes des réseaux pour toucher des nouvelles cibles. On peut se poser la question de l’avenir du sport traditionnel. Doit-on s’attendre à voir les algorithmes et l’attention fugace des nouvelles générations donner le tempo, quitte à perdre une part de l’essence du sport ? 

Wait and see !